Est-ce que la rapidité et simplicité de construction surpassent maintenant l’amélioration de la qualité de vie des résidents dans les nouveaux projets de développement? Offrons-nous les meilleurs environnements bâtis pour les occupants? Est-ce que les typologies de bâtiments détachés et copiés pour les multilogements offrent le meilleur contexte pour une bonne qualité de vie? Que peuvent offrir les autres formes de typologies? Toutes ces questions nous préoccupent puisque nous sommes témoin de développements qui se ressemblent dans leur approche et leur réalisation.
Les pistes de réflexion nous amènent à penser à la réglementation en vigueur et au processus actuel de conception des nouveaux projets sur de grands espaces vacants dans lequel, selon nous, l’architecte arrive trop tard dans le projet. Ce qui en résulte est un projet relativement linéaire, à angles droits, qui considère très peu l’orientation solaire naturelle du site et les aménagements existants voisins. La créativité semble oubliée. Est-ce qu’un terrain est mieux optimisé grâce à l’implantation de bâtiments rectangulaires? Est-ce que la qualité de vie des futurs résidents sera optimale? Est-ce que ces aménagements prévoient un coût de construction le plus avantageux? Plusieurs opinions sont valables et nous désirons vous présenter d’autres modèles d’aménagements pour ces nouveaux développements.
La cour intérieure :
Avant l’industrialisation, la cour intérieure permettait de concevoir des quartiers denses, mais permettant l’aménagement de logements traversant favorisant la ventilation naturelle et l’entrée de lumière dans toutes les pièces des logements. La cour intérieure servait également de lieu commun, de lieu de rencontre entre les résidents. On peut y aménager un espace de jeu pour les enfants, des jardins communautaires ou des espaces de détente pour tous. Aujourd’hui, le retour des cours intérieures dans les nouveaux quartiers permet d’offrir les mêmes avantages qu’à l’époque. Ce type d’aménagement augmente les liens entre les résidents et le sentiment d’appartenance à un quartier. La densité de cette typologie peut être aussi grande que les multilogements habituels, car les espaces d’agrément sont simplement déplacés et se trouvent maintenant dans les cours intérieures plutôt qu’entre les interstices créés entre les tours rectangulaires.
Les formes organiques (c-à-d ne pas se limiter par l’angle droit) :
Sans parler des courbes si connues pour le Guggenheim de Bilbao, les formes organiques signifient sortir des formes rectilignes avec angles droits. On peut s’imaginer les formes organiques pour le bâtiment de BIG, la » 8 House » à Copenhague. Ce bâtiment est conçu en forme de 8, comprend 475 unités sur 10 étages et offre une variété de typologies de logements adéquates pour des familles, couples, personnes seules, jeunes et âgées. Le ruban formant la forme du 8 est étroit permettant une ventilation naturelle ainsi qu’une généreuse entrée de lumière. Les coins du volumes se montent ou se baissent selon l’orientation solaire afin d’augmenter la lumière vers les cours centrales. La forme organique permet de créer un passage au centre du bâtiment vers le parc à proximité du site. Bref, les formes organiques augmentent les possibilités d’aménagement du bâtiment permettant ainsi de profiter des particularités intrinsèques du site et du quartier immédiat.
Les bâtiments contigus :
Selon nous, la typologie contiguë offre plusieurs bénéfices pour la création de quartiers denses, à échelle humaine et avec de meilleures performances énergétiques par la compacité des bâtiments. Dans la typologie contiguë, nous incluons les maisons de ville, les duplex, triplex et quadruplex pour des bâtiments de 2, 3, voire 4 étages. Le bâtiment contigu peut être dynamique afin de créer des quartiers diversifiés limitant le copier-coller. Un exemple est le projet de Borneo-Sporenburg de West 8 à Amsterdam qui présente un effet de collage pour un ensemble de bâtiments contigus construits dans le canal central. Très dynamique comme projet !
Pour créer ce type de bâtiment, il faut augmenter et améliorer la collaboration entre tous les acteurs d’un projet de développement. L’architecte, l’expert en aménagement et celui ou celle qui perçoit le terrain comme un canevas, doit pouvoir se joindre à l’équipe de projet le plus tôt possible afin d’apporter un point de vue différent sur l’ensemble du projet. Il doit pouvoir se joindre rapidement à l’équipe composée du promoteur, de l’urbaniste et de l’ingénieur civil. Chacun possède ses forces et celles de l’architecte se trouvent principalement dans la conception et la créativité de milieux de vie. Les villes peuvent offrir plus à ses résidents comme des milieux de vie diversifiés, dynamiques et augmentant la qualité de vie de ses occupants. Quoi demander de mieux !