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A4 Architecture + Design | Gatineau

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Deux issues, un frein : faut-il repenser les normes du bâtiment ?

La production de logements au Canada se trouve au cœur d’un écosystème complexe d’acteurs qui tentent d’apporter des solutions innovantes au monde de la construction en général et à la crise du logement en particulier. Grand nombre d’experts du secteur affirment aujourd’hui que les bâtiments à issue unique permettront de stimuler l’offre immobilière, de réduire les coûts de production et d’apporter une plus grande flexibilité dans la conception de logements. Cela dit, ce nouveau modèle de bâtiment de plus en plus considéré pour ses retombées positives nourrit également le doute quant à sa capacité de satisfaire aux exigences de sécurité.

En tant qu’acteur engagé dans la production de milieux de vie durables et de qualité, le Lab A4 a voulu se pencher sur cette question.

On en parlait il y a 40 ans!

En 1984, dans un rapport pour la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), l’architecte et sculpteur Blandford Gates et le professeur Paul Sandori de l’Université de Toronto examinaient les divergences qui existaient entre les immeubles de logements construits en Europe et au Canada. Les auteurs avaient constaté que la conception européenne, connue pour son efficacité en matière de sécurité incendie, se trouvait bien en dessous des exigences du Code national du bâtiment au Canada. Il y a 40 ans, ils appelaient déjà à la nécessité d’envisager des modifications réglementaires pour améliorer la planification des logements alors que la société canadienne devenait de plus en plus urbaine.

Ce rapport demeure pertinent aujourd’hui. Tandis que les normes de construction et de sécurité ont considérablement évolué partout dans le monde, le Canada reste l’un des derniers pays à emboîter le pas dans ce domaine. En effet, l’image ci-dessous montre les disparités dans les exigences normatives sur le plan de la sécurité incendie dans les bâtiments résidentiels de différents pays. Elle illustre aussi la hauteur maximale permise pour une conception à issue unique. Face à la crise du logement sans précédent traversée par le Canada en général et le Québec en particulier, il est aujourd’hui urgent de (re)considérer l’avenue d’une mise à niveau des normes de construction relatives aux issues de secours dans les bâtiments résidentiels. Cela passe par la nécessité d’articuler les solutions techniques avec les nouvelles technologies et le recours à des matériaux incombustibles ou en bois massif afin d’envisager de nouvelles formes architecturales adaptées aux différents enjeux du 21e siècle. 

Figure 1 : Hauteur limitative pour la conception de bâtiments résidentiels à issue unique (SOURCE : Conrad Speckert, www.SecondEgress.ca)


Les aspects latents d’une conception à deux issues

Les codes du bâtiment en ce qui concerne la sécurité incendie sont généralement très rigides et conçus sur la base d’incendies qui ont ravagé les grandes villes au début du 20e siècle. Ces tragédies ont conduit à un besoin urgent de réglementer les pratiques de construction. Elles sont à la base de l’introduction de deux issues de secours qui est devenue dès lors une exigence incontournable dans un contexte où le bois dominait l’industrie du bâtiment. 

Des configurations spatiales complexes

Bien qu’efficace à cette époque, cette réglementation se présente aujourd’hui comme l’un des freins majeurs à l’innovation architecturale capable de faire face aux enjeux des grandes villes du 21e siècle. Dans les milieux urbains où la densification se situe au premier rang des priorités pour répondre à la demande pressante en logements, la nécessité de prévoir deux issues pour chaque bâtiment réduit significativement la surface habitable. De ce fait, la rentabilité du bâtiment se trouve à la baisse avec une conséquence directe sur l’augmentation du coût de location ou de vente. Cette contrainte impose également des configurations spatiales complexes sur des parcelles souvent de petite taille et oblige à limiter le nombre d’unités. Ceci se solde souvent par des projets résidentiels de faible densité. Ce modèle de conception architecturale n’est plus en mesure de répondre aux enjeux des villes en matière de durabilité et de qualité de vie.

Figure 2 : Exemple de mise en norme d’une habitation multifamiliale au centre-ville de Gatineau (SOURCE : www.tonapart.com)

Une paralysie créative

Sur le plan architectural, cette contrainte réglementaire paralyse la créativité et l’innovation en matière de conception architecturale. Les architectes sont souvent limités dans leur capacité à proposer des designs originaux ou des conceptions adaptées aux spécificités des terrains, imposant des configurations standardisées et répétitives. Dans cette logique, la conception architecturale devient plus un exercice de compromis tourné vers le respect des contraintes réglementaires plutôt que vers la recherche de solutions innovantes et intégrées, adaptées au site ou à l’échelle du projet. Cette manière de faire favorise la standardisation qui restreint les possibilités de création de cadres de vie identitaires, réduisant la richesse visuelle des milieux construits.

Figure 3 : Impact de deux issues sur la surface habitable des logements – l’ajout d’une deuxième issue réduit jusqu’à 20 % de la surface des logements au profit de la circulation (SOURCE : www.publicarchitecture.ca )

Une pression financière

L’exigence de deux issues de secours a également un impact direct et significatif sur le coût de construction. En effet, prévoir deux escaliers distincts qui requièrent la conception de deux cages d’escalier avec des portes coupe-feu à chaque étage et des systèmes de ventilation augmente la surface non rentable des bâtiments. Ceci entraîne aussi une hausse des coûts d’entretien à court et long termes. De plus, les matériaux, les équipements et les délais supplémentaires ont tendance à gonfler le budget des projets. Cette surenchère a des retombées directes sur le prix des logements, ce qui peut freiner l’accessibilité et la rentabilité (essentiellement dans les zones urbaines où chaque mètre carré est précieux). 

Des logements de faible qualité

Enfin, les logements des bâtiments à deux issues sont souvent mono-orientés. Cette configuration limite l’accès à la lumière naturelle et la ventilation qui optimisent le confort intérieur. Afin de rendre la conception conforme aux normes, il est souvent inévitable d’empiéter sur les superficies des logements, car les contraintes de marges extérieures et de reculs sont souvent très rigides. Il en résulte des logements moins confortables et de faible qualité au niveau de la surface disponible et de l’éclairage naturel.

Figure 4 : Configurations conventionnelles de bâtiments multilogement au Canada (SOURCE : www.publicarchitecture.ca )


Une évolution nécessaire du code du bâtiment

Partout dans le monde, les codes du bâtiment évoluent face aux crises émergentes. L’adoption de la construction en bois massif à des hauteurs croissantes visant à réduire l’empreinte carbone des bâtiments, notamment au Canada, témoigne d’une ouverture à la modernisation des pratiques. Cette dernière passe par la reconnaissance que la sécurité incendie ne repose pas seulement sur la multiplication des issues de secours, mais aussi et surtout sur l’intégration de matériaux innovants et de technologies de prévention.

Les bâtiments à accès unique avec un seul escalier – actuellement interdits par le Code national du bâtiment – sont reconnus comme la typologie de construction résidentielle la plus répandue au monde. Plusieurs pays ne cessent d’expérimenter de nouvelles formes d’habiter avec des aménagements d’escaliers diversifiés. Ils construisent des bâtiments de plus en plus performants sur les plans environnemental, socioculturel, économique et technologique, tout en apportant des réponses adaptées à la crise du logement qui caractérise souvent les centres urbains.

Plusieurs villes du Canada (Toronto, Vancouver, etc.) envisagent aujourd’hui des alternatives de conformité pour alléger la réglementation dans les bâtiments de taille moyenne (4 à 6 étages). La prise de conscience que la crise du logement est accentuée par la contrainte réglementaire qui exige deux issues de secours pour un bâtiment d’au moins 3 étages donne lieu à une frénésie médiatique sur le sujet ces dernières années, notamment au Québec.

Les bâtiments à issue unique sont de plus en plus plébiscités pour leurs nombreux avantages, notamment :

  • une amélioration de la qualité de vie dans les logements;
  • une réduction de l’impact carbone des bâtiments lors des phases de construction et d’exploitation;
  • une plus grande flexibilité conceptuelle;
  • une plus grande résilience face aux changements climatiques et aux défis urbains.

Ces constructions se présentent plus que jamais comme une solution innovante et durable pour répondre aux besoins contemporains en matière de logements.

Figure 5 : Exemple d’un projet de 50 logements en structure de bois à Paris – Cet exemple illustre la manière dont les projets de densification urbaine peuvent s’insérer dans un tissu bâti existant (SOURCE : OYAPOCK architectes, www.oyapock-architectes.com )

Figure 6 : Illustration de projets de densification différenciée avec des bâtiments de 6 étages à issue unique dans des quartiers résidentiels existants (SOURCE : www.publicarchitecture.ca)

L’évolution de cette contrainte normative permettrait également de réfléchir à des projets de densification urbaine dans les centres-villes en considérant les toitures des bâtiments existants comme un nouveau foncier aérien. Souvent sous-utilisées, les toitures pourraient ainsi être transformées en espaces de vie supplémentaires, accueillant des logements ou des espaces communs. Cette approche augmenterait la densité tout en préservant les sols et améliorerait la résilience des milieux urbains face aux changements environnementaux.

Dans ce contexte, nous trouvons légitime de nous demander si la norme des deux issues de secours, bien qu’historiquement justifiée, ne pourrait pas évoluer pour libérer davantage d’espace et répondre aux défis actuels tout en respectant les niveaux de sécurité optimaux.

Assia Bounaira
Diplômée en architecture
Collaboratrice


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